Nous ne pouvons que nous réjouir qu’après plusieurs crises successives, la filière textile, notamment dans la région des Hauts-de-France, retrouve des couleurs. Cela concerne en particulier les textiles techniques, le linge de maison haut de gamme, et les produits fabriqués en France.
Mais ne nous y trompons pas : malgré le renouveau, le secteur fait face à une augmentation des faillites, mettant en évidence un déficit de formations spécialisées. https://fr.fashionnetwork.com/news/Made-in-france-la-filiere-textile-appelle-a-l-aide,1575405.html. C’est dans ce contexte que nous avons sollicité une visite, suivie d’un entretien en janvier prochain en présence de notre président Nicolas DUPONT-AIGNAN avec le directeur du CETI (Centre Européen des Textiles Innovants) à Tourcoing, afin d’obtenir son témoignage et son avis sur les enjeux et problématiques du secteur.
Bien que les problèmes de recrutement soient relativement faibles, le véritable enjeu réside dans l’offre actuelle de formations. Avec la fin des Trente Glorieuses et les crises des années 80-90 et 2010, les centres de formation proposant des parcours initiaux de niveau bac et CAP ont tous fermé, forçant ainsi les entreprises à former elles-mêmes leurs nouvelles recrues. Faire appel à la main-d’œuvre étrangère s’est révélé être un énième leurre de la politique pro-européenne d’Emmanuel MACRON et de d’Ursula VON DER LEYEN.
« Gouverner, c’est prévoir », dit l’adage. Force est de constater que le gouvernement n’a pas su anticiper ce retour de la demande. Il est indispensable de répondre aux besoins du marché, notamment en concevant de nouvelles formations et programmes pédagogiques en adéquation avec les exigences des professionnels du secteur, tout en tenant compte des innovations technologiques et textiles, et du développement durable, y compris le recyclage des matières premières textiles.
S’inspirer du modèle « dual » allemand et espagnol, qui combine professionnalisation, théorie et pratique, créer des centres de formation spécialisés à l’instar de la Belgique, établir des partenariats entre universités et entreprises comme au Royaume-Uni, et créer des pôles d’excellence textiles à l’image du secteur numérique avec Euratechnologies ou encore la Station F, sont des pistes à explorer. Tester les modèles qui ont fait leurs preuves chez nos voisins en France serait intéressant.
C’est dans cette optique que l’ESAAT de Roubaix a mis en place un BTS en innovation textile pour la rentrée 2024. À l’image de l’ENSAIT de Roubaix, les établissements supérieurs devront de plus en plus prédire et anticiper l’offre de formation en fonction de la demande, tisser des partenariats stratégiques avec ou sans l’aide du gouvernement. https://www.lavoixdunord.fr/1400236/article/2023-11-24/industrie-textile-les-entreprises-recrutent-nouveau-mais-les-formations-manquent
Debout la France propose une politique visant à revaloriser les filières professionnelles et technologiques, notamment pour anticiper les besoins du « Fabriqué en France ». Il s’agit de doter la formation des moyens nécessaires, en accompagnant les écoles pour répondre aux besoins du marché et ainsi favoriser l’émergence de nouvelles formations dans les secteurs qui recrutent. Cette démarche s’inscrit dans une approche plus large visant à redynamiser l’école de la République, en mettant l’accent sur les savoirs fondamentaux, la restauration de l’autorité des professeurs, la confiance dans l’institution scolaire, et la revalorisation du métier d’enseignant. C’est en innovant, en appliquant les mesures concrètes précédemment exposées et en s’adaptant constamment aux besoins et à la demande du marché du travail que la France pourra faire face à la pénurie de formations dans la filière textile.
Retrouvez toutes nos propositions pour l’enseignement supérieur sur https://www.debout-la-france.fr/projet/enseignement-superieur.
Maël Camerlynck
Délégué National de Debout la France à la Formation